Voyez cette page en: anglais (english)
Commenté par: Dr. Kenneth R. Morefield
COLLABORATEUR —Traduction: Virginie Thémans
Moral Rating: | Evaluation morale: Très Choquant |
Moviemaking Quality: |
|
Primary Audience: | Public ciblé: adultes |
Genre: | Romance Thriller |
Length: | 2 heures 25 minutes |
Year of Release: | 2001 |
USA Release: |
December 14, 2001 |
Featuring | Tom Cruise, Penélope Cruz, Cameron Diaz, Jason Lee, Kurt Russell |
Director |
Metteur en scène: Cameron Crowe |
Producer | Producteur: Tom Cruise, Paula Wagner |
Distributor | Distributeur: Paramount Pictures |
Un éditeur de magazine (David Aames, incarné par Tom Cruise) évite de s'engager avec sa “partenaire sexuelle” (Cameron Diaz), mais pense avoir rencontré le grand amour quand il voit Sophia (Penélope Cruz) à une soirée. Un peu plus tard, il se retrouve en cellule, interrogé par un psychiatre, et ne garde aucun souvenir des derniers événements. C'est là l'intrigue de “Vanilla Sky”.
Mon impression initiale de “Vanilla Sky” était qu'il s'agissait d'une version bon marché de “A.I.”, déjà une version pauvre de Kubrick. Ensuite j'ai découvert que l’histoire était en fait basée sur un film chilien tourné en 1997. Est-ce qu’Hollywood imite à présent les stars de rock d'antan qui s'emparaient des idées nouvelles non commercialisables par les autres pays? Pourquoi Crowe a-t-il fait un remake de ce film plutôt que d'encourager la distribution de sa première version ? Bien sûr, je suppose que vous pouvez plagier à souhait du moment que vous citez vos sources. Mais si on considère que l'Internet Movie Database attribue sept films à Crowe dans les vingt dernières années, on ne peut que se demander pourquoi il se retrouve à court d'idées si rapidement. Est-il contradictoire d'affirmer que Crowe est l'un des scénaristes/metteurs en scène les plus talentueux et surfaits d’Hollywood ?
Deux éléments dans ce film le rendent à la fois typique de Crowe et pourtant pauvre artistiquement parlant. Le premier est ce vernis de couverture qui masque les lacunes de l'intrigue. Le second est l'entichement pour les signes extérieurs de bonheur et de succès.
“Vanilla Sky” est un de ces films jouant sur d'impressionnants retournements de situation que les critiques ne sont pas censés dévoiler. A l'opposé des meilleurs exemples du genre, celui-ci se base sur le fait que le monde réel et le monde imaginaire sont impossibles à distinguer l'un de l'autre lors de leur présentation à un observateur extérieur. Les amateurs de ce film se plaindront de ce que les indices dans le film sont présentés comme appartenant au monde réel, mais selon moi, de toute façon, ce film est à peine meilleur que des histoires rédigées par l’élève de l’école secondaire et qu'il ne savait pas terminer.
L’histoire où le personnage finit par s'éveiller et s'exclamer “tout ceci n'était qu'un rêve ! C'est un thème pour un film, pas un film à thème. Ayant trouvé (ou, dans ce cas, volé) une intrigue intéressante de développer, Crowe ne s'est jamais arrêté pour se demander ce qu'il voulait dire par le biais de cette situation.
De ce fait, “Vanilla Sky” s'emploie davantage à soigner la présentation qu'à approfondir le thème. Dans un film bien meilleur, “Run Lola Run” par exemple, le noud de l'intrigue est dévoilé au tiers du film, puis l'histoire vous fait continuer à y réfléchir. Dans d'autres films, tels que “Dark City,” “Memento” ou “Vertigo” distribuent les indices au compte-gouttes tout au long de l'histoire, afin que vous participiez à l'enquête avec le personnage, plutôt que de la suivre en spectateur. Ce n'est pas qu'il n'y ait pas d'indices dans “Vanilla Sky” : à chaque fois que le chien congelé passe à la télévision, c'est comme si Crowe vous criait : “Attention ! Ceci n'est pas une information anodine !”.
Le problème est que, même lorsque vous savez que tel ou tel indice a du poids, vous ne pouvez pas comprendre sa signification car le film masque toute information pouvant vous aider à comprendre ce que vous voyez. Ainsi “Vanilla Sky” ressemble à beaucoup de films actuels ; il a peur que les spectateurs ne soient trop intelligents, et au plaisir constant de la découverte graduelle, il substitue le suspens meilleur marché des surprises imprévisibles (même si plausibles) pour celui d'une découverte agréable et cohérente.
Tom Cruise passe la majeure partie de “Vanilla Sky” avec un masque de latex ou un visage défiguré, ce qui m'a rappelé Mel Gibson dans l'Homme Sans Visage.” Ces films sont en quelque sorte la version enjolivée de “Shallow Hal” ou “Soul Man” : voyez cet homme séduisant, voyez comme il est superficiel, regardez-le perdre ce qu'il n'a jamais apprécié à sa juste valeur et pour lequel nous l'envions, suivez-le pendant qu'il devient une meilleure personne en prenant conscience de sa beauté intérieure, pour ensuite savoir la découvrir chez les autres.
La plupart des films de Crowe, dont celui-ci, restent englués au stade de l'entichement pour les jolies filles ! Dans presque tous ses films, le personnage principal se considère comme un perdant, un raté qui ne croit pas mériter ce trophée qu'est une belle fille. Au moins, dans “Fast Times at Ridgemont High” (qu'il a écrit mais pas dirigé) et “Almost Famous “, le personnage principal vit plus ou moins selon ce qu'il pense valoir. Mais dans les autres films de Crowe, il est plutôt difficile de croire John Crusak (dans “Say Anything”) ou Tom Cruise (“Jerry Maguire”, “Vanilla Sky”) lorsqu'ils affirment ne pas se sentir pas sûrs d'eux-mêmes.
Allez, vous pouvez imaginer les acteurs dire : “Regardez-moi, je suis acteur ! N'est-il pas ironique que j'interprète quelqu'un de riche et beau qui fait l'amour à Cameron Diaz quatre fois au cours de la nuit, la largue le jour suivant, mais qui est secrètement profondément malheureux ?
Voyez, vous les adolescents boutonneux et moi, nous sommes identiques au plus profond de nous-mêmes, nous désirons être reconnus et aimés par une personne bonne et spéciale, et nous n'y arrivons pas. Bien sûr, je comble ce manque avec l'alcool, les pilules, le sexe et l'argent, mais faites-moi confiance : alors même que vous m'enviez, ces choses ne me rendent pas réellement heureux ni à l'écran ni dans la vie de tous les jours.”
Après tous mes commentaires critiques, je cite toutefois le talent de Crowe pour les dialogues qui font mouche. La meilleure scène pour l'illustrer est celle où Cameron Diaz explique au personnage incarné par Tom Cruise, dans des termes crus mais élégants (et poignants), que les relations sexuelles ont toujours de l'importance. Malheureusement, le personnage qu'elle joue sort prématurément et abruptement de l'histoire, et je pense que c'est là encore un signe de l'immaturité de ce film. En 2 heures et 15 minutes d'examen de la question “qu'est-ce que le bonheur à vos yeux ?”
Les concepts de service, de sacrifice, et en fait l'impact que nous avons sur les autres, ne sont jamais sérieusement abordés. Comme le fait Robin Williams à la fin de “What Dreams May Come”, David (Cruise) promet à Sophia (Cruz) qu'ensemble ils trouveront le bonheur. Qu'arrive-t-il ensuite à cette femme qualifiée, avec tant de saveur, comme sa “partenaire pour baiser” par le meilleur ami de David ? Peut-être en arrivera-t-il à la tuer parce qu'elle l'a aimé après avoir faire l'amour avec lui. Peut-être s'imagine-t-il simplement en train de la tuer. Quel que soit son destin, nous savons que son futur ne sera pas intimement lié au bonheur de David et est dès lors immatériel.
“Quand tu couches avec quelqu'un, ton corps fait une promesse, que tu le reconnaisses ou non.” Julie Gianni, “Vanilla Sky”.
…afin qu'ils ne soient plus deux, mais un.” (Matthieu 19:6a).
Je trouve que ce message est si important. J'ai vraiment apprécié comme il apparaît tout au long de Vanilla Sky. Beaucoup de gens se plaignent que ce film soit trop compliqué (ou ennuyeux). Je dois bien l'admettre, les deux premières heures m'ont presque donné la migraine… mais dès que la lumière fut faite, quelle merveille. Bien que controversé, Vanilla Sky vaut réellement la peine d'être vu. Evaluation morale personnelle: [Très choquant / 5]